Temple du Ciel à Pékin
Le
passage de la dynastie des Shang (XVIII ème – XI ème siècle av JC) à la
dynastie des Zhou (XI° - 256 av JC) se traduit par une transformation de la
conscience religieuse qui s’est muée progressivement en une conscience rituelle
de nature essentiellement cosmologique. Au plan lexical on glisse de di (divinité
suprême) à tian (Ciel). (Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise
P. 54, 55)
Cette
transformation de la conscience religieuse s’accompagne d’un changement dans la
technique divinatoire. On passe de l’interprétation des craquelures résultant
du brûlage d’omoplates d’ovins ou de bovins ou de carapaces de tortues au
décompte des tiges d’achillée. Ce changement dans la technique divinatoire
marque sans doute le passage définitif d’une mentalité religieuse à une pensée
naturaliste, les signes apparaissant comme la figuration d’une
situation émergente et non plus comme la manifestation de la volonté des
esprits. (Anne Cheng, ibidem P. 268, 269)
Le
décompte des tiges d’achillée permet d’obtenir des résultats chiffrés. Les
chiffres impairs (7 et 9) s’expriment par la notation d’un tiret long et
continu : monogramme yang ; les bases paires (6 et 8)
s’expriment par la notation de deux tirets courts, séparés par une
discontinuité : monogramme yin. Les monogrammes étant combinés en 8
trigrammes qui se combinent ensuite en 64 hexagrammes. (ibidem P. 269)
Cette
pensée naturaliste se constate bien au niveau des trigrammes qui représentent le
jeu des forces, se renouvelant sans cesse, qui sont à l’œuvre dans la nature. (François
Jullien, Figures de l’immanence P. 1316 et suivantes.)
Ces
8 trigrammes peuvent se lire et sont complémentaires deux par deux. C’est la
position des traits qui permet de les apparier et qui donne la signification.
Trigrammes
Qian (le ciel) et Kun (la terre)
Ils
sont formés uniquement de traits yang et de traits yin et
représentent la polarité initiale. A partir de là six trigrammes vont esquisser
un système d’interactions
Trigrammes
Zhen ( le tonnerre) et Kun (le vent)
Un
trait yang apparaît au-dessous de deux traits yin et les met en
branle : c’est Zhen, le tonnerre
Un
trait yin apparaît au-dessous de deux traits yang c’est Kun,
le vent qui diffuse, qui détend l’ébranlement. Tonnerre et vent :
ébranlement/détente
Trigrammes
Kan (l’eau) et Li (le feu)
Deux
traits yin enchâssent un trait yang : c’est Kan,
l’eau. Deux traits yang enchâssent un trait yin c’est Li,
le feu. Le feu et l’eau, le chaud et le froid
Trigrammes
Gen (la montagne) et Dui
(la brume ou le lac)
Un
trait continu yang apparaît au-dessus de deux traits yin :
c’est Gen, la montagne. Un trait continu yin apparaît au-dessus
de deux traits yang c’est Dui, la brume (ou le lac). La montagne
et la brume, le dur et le malléable, le masculin et le féminin.
Les
trigrammes permettront souvent de donner un éclairage symbolique sur la
signification des hexagrammes.
A
suivre,
Jean-Louis
Il sera facile, dans le cadre d'une conférence, de développer cet article. Je commence à voir se dessiner la possibilité d'une conférence dont les sources seraient Anne Cheng, François Jullien et Léon Vandermeersch
RépondreSupprimerJean-Louis
yes !!!
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