Tout
d’abord une bonne année à tous.
Si
l’on voulait suggérer quelques pistes originales que pourrait suivre le dragon en cette
nouvelle année pour aborder la culture chinoise on
pourrait évoquer l’ethnologie et la traduction. Deux pistes qui semblent assez
éloignées l’une de l’autre. Il n’en est rien.
Dans
Des Cannibales (I,31) Montaigne écrit :
« Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et
de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun
appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ». Qu’est ce qu’un barbare ?
C’est celui qui ne s’habille pas comme nous, qui n’a pas le même langage, les
mêmes habitations, les mêmes coutumes. C’est quelqu’un qui n’a pas les mêmes
codes que nous. Or la pluralité, la diversité, la confrontation des codes est
précieuse car c’est d’elle que nait le sens. « Aucune civilisation ne peut
se penser elle-même, si elle ne dispose pas de quelques autres pour servir de
terme de comparaison » Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale II.
L’adage
dit : Traduttore, traditore. Ce n’est pas toujours
vrai. On peut même parfois penser le contraire. La conversion (la
transplantation, comme le dit Montaigne) d’un code dans un autre peut accroitre la richesse, renforcer
le sens. « En notre langage je trouve assez d’étoffe (de mots), mais peu
de façon (travail); car il n’est rien qu’on ne fit du jargon de nos chasses
et de notre guerre, qui est un généreux terrain à emprunter ; et les
formes de parler, comme les herbes, s’amendent et fortifient en les
transplantant » Montaigne Essais III.5. ou encore « La réflexion
mythique a donc pour originalité d’opérer au moyen de plusieurs codes. Chacun
extrait d’un domaine d’expérience des propriétés latentes permettant de le
comparer avec d’autres domaines et, pour tout dire, de les traduire les uns dans les autres ;
comme un texte peu intelligible en une seule langue, s’il est rendu
simultanément dans plusieurs, laissera peut-être émaner de ces versions
différentes un sens plus riche et plus profond qu’aucun de ceux, partiels et
mutilés auquel chaque version prise à part eût permis d’accéder. » Claude
Lévi-Strauss, La potière jalouse.
A développer bien sûr. Bonne année à tous.
Jean-Louis
Merci pour ces pistes. A suivre..
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