dimanche 24 octobre 2021

Conférence : La divination, une des raisons de la pensée chinoise


Dimanche 28 novembre, 14 h 30, au Mangrove 154 rue de Rome (près Castellane)

Le conférencier s’efforcera de montrer comment la divination a contribué a fonder la pensée
chinoise dans la mesure elle est à l’origine de l’écriture chinoise et d’une certaine manière de penser qui s’exprime notamment à travers le YiJing, Le Livre des mutations. Une manière de penser qui repose sur les notions de mutation, de transformation et qui traque plus la corrélation que la causalité.
Seront abordés des sujets aussi divers que la divination sur os, l’origine de l’écriture chinoise, l’interprétation des hexagrammes du YiJing.
Un parallèle sera fait entre la Bible et le YiJing pour découvrir dans ce dernier une certaine
conception du monde, de la sagesse et de la morale. 
Enfin nous verrons comment la manière de penser mise en œuvre dans le Livre des Mutations se retrouve notamment dans la philosophie chinoise, dans la médecine et dans la peinture.
 

Pour ceux qui le souhaitent, la conférence pourra être prolongée par un moment d’échanges
autour d’un goûter. Le prix de ce goûter est de 5 euros.

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En espérant vous retrouver nombreux …..

jeudi 8 avril 2021

 

C'était en 2018, Marjorie est maintenant docteure en anthropologie et ethnologie. Toutes nos félicitations pour ce travail, en espérant pouvoir fêter ce succès avec elle en Provence.

 

 

Lavandes et thés, des points de rencontre entre la Chine et la Provence




Nous étions environ 25 personnes réunies à la Maison des Associations pour écouter Marjorie qui avait bien voulu nous faire partager l’avancement de sa thèse consacrée aux « mutations économiques et culturelles d’un territoire touristique : enjeux et controverses ».
Le territoire concerné par la thèse de Marjorie, c’est la France et plus particulièrement la Provence. Le tourisme ciblé, c’est le tourisme chinois qui s’est développé en France à partir de 2009. C’est donc un phénomène récent. Conséquence de l’essor économique de la Chine, il est en forte progression puisqu’entre 2009 et 2016 il a augmenté de 176 %  et qu’il continue à augmenter de 25% par an. Comme tous les tourismes, le tourisme chinois repose sur une vision imaginaire du pays visité, ce que Marjorie appelle des « nuées d’imaginaires ». C’est ainsi que les Chinois ont une vision positive de la France à 75%. Cette opinion positive repose notamment sur le fait que la France serait le pays du romantisme. Marjorie a raison de conserver l’appellation chinoise 浪漫 (Làngmàn) car la conception des touristes chinois n’a certainement pas grand-chose à voir avec le mouvement artistique qui s’est opposé au classicisme à partir du XIX° siècle en Europe.
Pour les touristes chinois, un des symboles de ce romantisme, alimenté par des livres comme Une année en Provence de Peter Mayle, est la lavande et ses champs dans lesquels il faut absolument se faire photographier. Cet attrait pour la lavande et ses produits dérivés a conduit les acteurs économiques à des stratégies commerciales qui peuvent les mener à des mises en concurrence.
L’exposé de Marjorie, alimenté de nombreuses anecdotes tirées de son expérience comme guide touristique, a été suivi avec beaucoup d’intérêt par l’assistance comme le montrent les nombreuses questions qui ont suivi.
Nous comptons bien suivre de près l’évolution de ses travaux.





Après la conférence, Françoise et Marion nous ont invités à une présentation et à une dégustation de thés chinois. Au plaisir d’écouter ces deux spécialistes du thé s’ajoutait une synesthésie du goût et de la vue ; plaisir du goût car nous avons pu déguster plusieurs sortes de thés, notamment un excellent Pǔ'ěr, 普洱茶, plaisir de la vue car le matériel exposé était de toute beauté.

En résumé, une rencontre très conviviale qui a permis de nombreux échanges. Un grand merci à Marjorie, Françoise et Marion. A refaire …souvent.

vendredi 29 janvier 2021

Poèmes d'amour à chanter

Poèmes d’amour chinois et français qui ont pour point commun d’exprimer le point de vue féminin (même si l’auteur du poème chinois est un homme) et d’être des poèmes à chanter.

 

Le poème chinois est de Liu Yong (vers 987-1053) de la dynastie Song. Ses poèmes sont des poèmes à chanter (ci ou manci pour les plus longs)

  Comme ils  désirent fermer les rideaux parfumés (sur l'air : Juhuaxin)

Comme ils désirent fermer les rideaux parfumés

Pour se parler d’amour, l’un contre l’autre serrés !

Elle fronce les sourcils, déjà chagrinée de la brièveté de la nuit.

Que son jeune amant se couche le premier,

Qu’il réchauffe le lit, sous l’édredon aux canards mandarins !

 

Mais l’ouvrage en train est bien vite délaissé

Et la jupe de soie retirée,

Pour faire naitre des désirs sans fin.

« Laisse la lampe allumée devant la courtine,

Que je puisse contempler à loisir,

Ce visage tant aimé ».

Traduction Muriel Detrie (Ed. You Feng)

 

 

Quelques siècles plus tard nous voici entre Saône et Rhône au temps de la Renaissance.

Louise Labé aima Olivier de Magny et le lui déclara dans un des vers les plus brûlants de la langue française … Tant de flambeaux ardents pour ardre une femelle !

 Louise Labé 


Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés,

Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,

Ô noires nuits vainement attendues,

Ô jours luisants vainement retournés :

 

Ô tristes plaintes, ô désirs obstinés,

Ô temps perdus, ô peines dépendues,

Ô mille morts en mille rets tendus,

Ô pires maux contre moi destinés :

 

Ô ris, ô fronts, cheveux, bras, mains et doigts :

Ô luth plaintif, viole archet et voix :

Tant de flambeaux ardents pour ardre une femelle !

 

De toi me plains, que, tant de feux portant,

En tant d’endroits d’iceux mon cœur tâtant,

N’en est pour toi volé quelque étincelle.

 

Pernette du Guillet

 


A la même époque, au même lieu voici Pernette du Guillet (v. 1520-1545) et Maurice Scève qui s’aimèrent. J’ai choisi deux poèmes de Pernette qui, me semble-t-il, trouvèrent un écho, bien des années plus tard dans les chansons de Brassens.

 

Pernette du Guillet

Combien de fois ai-je en moi souhaité

Me rencontrer sur la chaleur d’été

Tout au plus près de la claire fontaine,

Où mon désir avec cil se promène

Là, quand j’aurais bien au long vu son cours

Je le laisserais faire à part ses discours,

Peu à peu de lui m’écarterais ;

Et toute nue en l’eau me jetterais

Mais je voudrais lors quant et quant avoir

Mon petit luth accordé au devoir

Duquel ayant connu et pris le son,

J’entonnerai sur lui une chanson

Pour voir quels gestes il tiendrait.

Mais si vers moi il s’en venait tout droit,

Je le laisserai hardiment approcher ;

Et s’il voulait, tant soit peu, me toucher,

Lui jetterais, pour le moins, ma main pleine

De la pure eau de la claire fontaine,

Lui jetant droit aux yeux ou à la face

 

Brassens :

« Dans l’eau de la claire fontaine

Elle se baignait toute nue … »

 

 

Pernette du Guillet

Soit que par égale puissance

L’affection et le désir

Débattent de la jouissance

Du bien, dont se veulent saisir :

Si vous voulez leur droit choisir,

Vous trouverez sans fiction,

Que le désir en tout plaisir

Suivra toujours l’affection.

Rymes XXVII

 

 

Brassens

Sauf quand elle aime un homme avec tendresse

Toujours sensible alors à ses caresses

Toujours bien disposée, toujours encline à s’émouvoir …

S’il n’entend le cœur qui bat,

Le corps non plus ne broche pas …

 

Jean-Louis