Anne
Cheng et Claude Lévi-Strauss ont tous deux été ou sont encore professeurs au
Collège de France. Mais ce n’est pas leur seul lieu de rencontre. Ils ont
étudié des pensées (la pensée chinoise pour Anne Cheng et la mythologie
amérindienne pour Claude Lévi-Strauss) certes très différentes mais qui ont en
commun d’être des pensées relationnelles. On trouve donc assez souvent dans les
ouvrages de ces deux auteurs des phrases qui s’éclairent mutuellement et qui
nous permettent de mieux comprendre l’une et l’autre pensée.
En
voici un exemple qui montre une conception de la naissance des œuvres philosophiques ou artistiques loin de
la croyance romantique du génie créateur qui crée ex nihilo.
Anne Cheng :
Les textes chinois s’éclairent dès lors
que l’on sait à qui ils répondent. Ils ne peuvent donc constituer des systèmes
clos puisque leur sens s’élabore dans le réseau des relations qui les
constituent. Au lieu de se construire en concepts, les idées se développent
dans ce grand jeu de renvois qui n’est autre que la tradition et qui en fait un
processus vivant. Histoire de la pensée chinoise.
Cf Confucius : Je transmets, sans rien créer de nouveau,
j’aime l’Antiquité Entretiens VII,1
Claude Lévi-Strauss : Quand
l’artiste croit s’exprimer de façon spontanée, faire œuvre originale, il
réplique à d’autres créateurs passés ou présents, actuels ou virtuels. Qu’on le
sache ou qu’on l’ignore, on ne chemine jamais seul sur le chemin de la
création. La Voie des masques.
Comprendre, composer, signifier c'est relier
Jean-Louis