Dans
les peintures chinoises de paysages il y a un thème que j’aime
particulièrement : c’est celui des auberges. En voici deux exemples.
Anonyme des Song
Auberge au pied des monts
Anonyme des Song
Auberge au pied des monts (détails)
Anonyme
La passe sous les nuages,
l’auberge sous la neige
On retrouve, en contemplant ces peintures, les
sensations de bonheur éprouvées après une longue course en montagne lorsque
l’on aperçoit un refuge où nous pourrons
trouver le repos et la sécurité.
Ces
auberges sont des constructions rudimentaires comme les cabanes des ermites.
Elles sont composées de quelques piliers de bois et d’un toit de chaume ou de
bois. Comme dans les cabanes des ermites, il n’y a pas de séparation entre
l’intérieur et l’extérieur pour être mieux à l’écoute du tao. On retrouve ce
principe dans les pavillons qui ornent les jardins chinois.
Ce qui
frappe dans ces peintures c’est la fragilité de la présence humaine : de
l’homme minuscule, des auberges mais aussi des passerelles qui permettent de
franchir des torrents tumultueux ou des ravins vertigineux. Fragilité du fini
de la présence humaine face à l’infini de la nature, la fragilité de la
présence humaine faisant ressortir l’infini de la nature et réciproquement. Pourtant
c’est l’homme qui fait exister cet infini car comme le dit Shitao (fin XVII°/début
XVIII°) : « Maintenant les monts et les fleuves me chargent de parler
pour eux ; ils sont nés et moi et moi en eux ».
Les
peintures chinoises, comme la pensée chinoise, sont faites de ces oppositions
où les contraires n’existent, ne se comprennent, ne s’apprécient que les uns
par rapport aux autres. Opposition entre le Yin et le Yang, entre la montagne
et l’eau, entre le Vide et le Plein, entre le fini et l’infini. En ressentant
ces oppositions nous pénétrons au cœur de la peinture et de la pensée chinoise.
C’est ce que je vous propose de faire lors d’une prochaine conférence qui
serait la suite et permettrait d’approfondir celle sur les « trois
enseignements » ; conférence qui pourrait s’intituler « peinture
et pensée chinoise ».
Jean-Louis
Voilà qui s'annonce bien...
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