Voici quelques photos supplémentaires du mariage de Xiuxiu :
Merci beaucoup à Michel qui entretient la correspondance avec nos jeunes amies reparties en Chine
dimanche 26 novembre 2017
samedi 11 novembre 2017
Auberges chinoises
Dans
les peintures chinoises de paysages il y a un thème que j’aime
particulièrement : c’est celui des auberges. En voici deux exemples.
Anonyme des Song
Auberge au pied des monts
Anonyme des Song
Auberge au pied des monts (détails)
Anonyme
La passe sous les nuages,
l’auberge sous la neige
On retrouve, en contemplant ces peintures, les
sensations de bonheur éprouvées après une longue course en montagne lorsque
l’on aperçoit un refuge où nous pourrons
trouver le repos et la sécurité.
Ces
auberges sont des constructions rudimentaires comme les cabanes des ermites.
Elles sont composées de quelques piliers de bois et d’un toit de chaume ou de
bois. Comme dans les cabanes des ermites, il n’y a pas de séparation entre
l’intérieur et l’extérieur pour être mieux à l’écoute du tao. On retrouve ce
principe dans les pavillons qui ornent les jardins chinois.
Ce qui
frappe dans ces peintures c’est la fragilité de la présence humaine : de
l’homme minuscule, des auberges mais aussi des passerelles qui permettent de
franchir des torrents tumultueux ou des ravins vertigineux. Fragilité du fini
de la présence humaine face à l’infini de la nature, la fragilité de la
présence humaine faisant ressortir l’infini de la nature et réciproquement. Pourtant
c’est l’homme qui fait exister cet infini car comme le dit Shitao (fin XVII°/début
XVIII°) : « Maintenant les monts et les fleuves me chargent de parler
pour eux ; ils sont nés et moi et moi en eux ».
Les
peintures chinoises, comme la pensée chinoise, sont faites de ces oppositions
où les contraires n’existent, ne se comprennent, ne s’apprécient que les uns
par rapport aux autres. Opposition entre le Yin et le Yang, entre la montagne
et l’eau, entre le Vide et le Plein, entre le fini et l’infini. En ressentant
ces oppositions nous pénétrons au cœur de la peinture et de la pensée chinoise.
C’est ce que je vous propose de faire lors d’une prochaine conférence qui
serait la suite et permettrait d’approfondir celle sur les « trois
enseignements » ; conférence qui pourrait s’intituler « peinture
et pensée chinoise ».
Jean-Louis
dimanche 5 novembre 2017
Meou-Tseu, Dialogues pour dissiper la confusion
La
bibliothèque chinoise des Editions Les
belles lettres vient de publier le vingt-cinquième ouvrage de leur
collection bilingue. Il s’agit des Dialogues
pour dissiper la confusion de Meou-Tseu,
traduits par Béatrice L’Haridon.
De
« Maître Meou » on ne sait rien de certain, pas même s’il a vraiment
existé. Une courte autobiographie placée en tête des Dialogues nous renseigne sur ce personnage bien intéressant qu’il
soit réel ou fictif. Il aurait vécu dans les dernières décennies du II° siècle
après JC pendant l’époque troublée de la
fin de la dynastie Han dans la région du Jiaozhou, à l’extrême sud de l’empire,
région qui incluait une partie du Vietnam actuel. C’était un « lettré retiré »
c'est-à-dire qu’il ne se préoccupait plus de participer à l’administration de
la société. Comme il le dit lui-même poétiquement : « il buvait la
liqueur du Mystère et jouait de la cithare des Classiques », c'est-à-dire qu’il
maîtrisait aussi bien les textes taoïstes que les Classiques confucéens. Dans l’époque
troublée qui est la sienne, il va pourtant se tourner vers la « Voie du
Bouddha » certainement séduit par « l’universalité de l’enseignement
bouddhique, sa vision d’u monde où tous les vivants partagent une nature
commune, la nature du Bouddha ». La traductrice souligne, et cela me
semble très intéressant que cette idée est amenée par une nouvelle vision du
cosmos où le centre est déplacé : « L’enseignement bouddhique vient
ajouter à ce décentrement un étirement du monde moral, à l’étendant à tous les
êtres vivants. » Ainsi le monde des idées et des croyances est en étroite
correspondance avec l’organisation du cosmos.
La
démarche de Meou-Tseu se heurte à l’incompréhension de ses contemporains.
Meou-Tseu va justifier sa démarche en développant 37 arguments qu’il oppose à
un interlocuteur qu’il finira par convaincre. Ce qui me semble remarquable c'est que Meou-Tseu préfère le débat d'idées au recours à la violence. Ensuite que les questions et les réponses sont vraiment argumentées et reflètent certainement les interrogations des Chinois confrontés à cette pensée étrangère qu'était le bouddhisme. Dans son argumentation Meou-Tseu
démontre que le bouddhisme n’est pas incompatible avec le confucianisme et le taoïsme
qu’il englobe sans les contredire. Mais également notre auteur veut lever la
confusion entre le bouddhisme et les « chercheurs d’immortalité » (d’où
le titre de l’ouvrage), dérive dont pouvait être soupçonnés les partisans du
bouddhisme.
La
lecture des Dialogues est, me
semble-t-il, particulièrement actuelle. Elle nous montre un homme passionné par
l’étude et ouvert à toutes les idées même si celle-ci sont étranges et
étrangères. C’est ce qu’il dit dans une phrase très belle : « Il n’est
pas juste de ne priser que ce qui nous est familier et de considérer de haut l’insolite »
(quatrième argument). En même temps, cet érudit se méfie des chercheurs d’immortalité
c'est-à-dire de l’ésotérisme qui est souvent une tentation pour ceux qui parlent de la culture chinoise, particulièrement du taoïsme et du bouddhisme, tentation
toujours actuelle. La lecture des Dialogues
est également l’occasion de découvrir de nombreux aspects de la culture
chinoise : de ses mythes fondateurs, de certains passages des textes
confucéens ou taoïstes.
Il
est impossible de juger de la pertinence d’une traduction quand on ne connait
pas la langue source. On peut, par contre, apprécier le style et la fluidité d’une traduction qui rendent très agréable la lecture des Dialogues. A la traduction, s’ajoutent une introduction et un
appareil impressionnant de notes qui permettent de mieux comprendre le contexte
et les enjeux du débat. Un ouvrage qui s’adresse donc à toutes les personnes
intéressées par la culture chinoise (je pense d’ailleurs emprunter certaines
références pour compléter de futures éventuelles conférences) et plus largement
à toutes les personnes intéressées par l'histoire des idées. En effet ce livre est le témoignage d'un des chocs culturels les plus importants de l'Histoire : la rencontre du bouddhisme et du monde chinois.
Jean-Louis
mercredi 1 novembre 2017
Dr SONG Weiyi
C'est avec un grand plaisir que nous nous sommes retrouvés, entre anciens et nouveaux amis à la soutenance de thèse de Weiyi sur :
L'intersinographie : une étude de l’acquisition de l’écriture des caractères chinois par des apprenants francophones
Cette soutenance a confirmé les grandes qualités de
travail, de persévérance et de courage de Weiyi reconnues par l'ensemble du
jury. Les échanges exigeants qui ont suivi ont été passionnants et lui ont
permis de montrer la parfaite maitrise de son sujet.
C'est donc à l'unanimité du jury et avec leurs
félicitations qu'elle a obtenu son grade de docteur.
Quel beau parcours depuis ses nombreuses années à
l'Université, nous en partageons un peu la fierté de l'avoir soutenue.
Bravo Weiyi et tous nos voeux de réussite dans le
parcours professionnel qui t'attend et qui s'annonce brillant.
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