La pianiste
Khatia Buniatishvili, d’origine géorgienne
était l’invitée d’Anne Sophie Lapix lors de l’émission Le Grand Echiquier diffusé
sur France 2 le 4 juillet.
Khatia
Buniatishvili est souvent désignée comme la nouvelle rock-star du piano ce qui
peut avoir un aspect un peu agaçant. Elle vient de consacrer un disque à
Schubert et elle a mentionné, en fin d’émission, un aspect de la personnalité
du compositeur qui m’a semblé intéressant et que n’aurait, sans doute, pas
désavoué Laozi.
Selon
la pianiste Schubert possédait une part de féminité, une féminité qu’elle
qualifie de vulnérabilité qu’il s’efforçait de rejeter
comme le font la plupart des hommes et certaine féministes car cette
vulnérabilité est un obstacle à acquérir un certain type de force : celle
que l’on prête en général aux hommes et qui provient du physique, des armes ou
du pouvoir. Or la vulnérabilité est aussi à la source d’une autre force celle
qui permet de donner la vie et de créer, une vulnérabilité qu’il faut donc surtout ne
pas rejeter.
On
peut traduire les propos de Khatia Buniatishvili en terme taoïstes car c’est
donner un éclairage intéressant à la question. Le premier type de force sera une
qualité yang, le second une qualité yin.
Or
il y a actuellement, me semble t-il, un paradoxe. Le combat pour l’égalité des
hommes et des femmes que l’on ne peut qu’approuver s’accompagne d’un triomphe
des qualités yang, ce qui me semble regrettable. Au lieu de promouvoir les
qualités yin et notamment cette vulnérabilité dont parle Khatia Buniatishvili à
propos de Schubert tout le monde court maintenant après les qualités yang. Il
est ainsi remarquable que dans les séries policières vues à la télévision les
fonctions de commissaire ou de commandant de police soient, le plus souvent, tenues
par des femmes. Pourtant, comme le disait Marguerite Yourcenar dans un
entretien accordé à Bernard Pivot, il n’est pas sûr que mettre des mitraillettes
dans la main des femmes servent à leur promotion.
Il
me semble que le combat pour l’égalité des hommes et des femmes devrait s’accompagner
également d’une réhabilitation des valeurs yin. Laozi, il y a 2500 ans, prônait
cette réhabilitation en utilisant la métaphore de l’eau. Rien ne semble plus
faible que l’eau symbole du yin et du féminin. L’eau est pourtant ce qui donne
la vie et ce qui vient à bout des roches les plus dures.
Jean-Louis