samedi 6 juillet 2019

Khatia Buniatishvili, Schubert, Laozi et la féminité

                                                                       Franz Schubert


La pianiste Khatia Buniatishvili, d’origine géorgienne était l’invitée d’Anne Sophie Lapix lors de l’émission Le Grand Echiquier diffusé sur France 2 le 4 juillet.
Khatia Buniatishvili est souvent désignée comme la nouvelle rock-star du piano ce qui peut avoir un aspect un peu agaçant. Elle vient de consacrer un disque à Schubert et elle a mentionné, en fin d’émission, un aspect de la personnalité du compositeur qui m’a semblé intéressant et que n’aurait, sans doute, pas désavoué Laozi.
Selon la pianiste Schubert possédait une part de féminité, une féminité qu’elle qualifie de vulnérabilité qu’il s’efforçait de rejeter comme le font la plupart des hommes et certaine féministes car cette vulnérabilité est un obstacle à acquérir un certain type de force : celle que l’on prête en général aux hommes et qui provient du physique, des armes ou du pouvoir. Or la vulnérabilité est aussi à la source d’une autre force celle qui permet de donner la vie et de créer,  une vulnérabilité qu’il faut donc surtout ne pas rejeter.
On peut traduire les propos de Khatia Buniatishvili en terme taoïstes car c’est donner un éclairage intéressant à la question. Le premier type de force sera une qualité yang, le second une qualité yin.
Or il y a actuellement, me semble t-il, un paradoxe. Le combat pour l’égalité des hommes et des femmes que l’on ne peut qu’approuver s’accompagne d’un triomphe des qualités yang, ce qui me semble regrettable. Au lieu de promouvoir les qualités yin et notamment cette vulnérabilité dont parle Khatia Buniatishvili à propos de Schubert tout le monde court maintenant après les qualités yang. Il est ainsi remarquable que dans les séries policières vues à la télévision les fonctions de commissaire ou de commandant de police soient, le plus souvent, tenues par des femmes. Pourtant, comme le disait Marguerite Yourcenar dans un entretien accordé à Bernard Pivot, il n’est pas sûr que mettre des mitraillettes dans la main des femmes servent à leur promotion.
Il me semble que le combat pour l’égalité des hommes et des femmes devrait s’accompagner également d’une réhabilitation des valeurs yin. Laozi, il y a 2500 ans, prônait cette réhabilitation en utilisant la métaphore de l’eau. Rien ne semble plus faible que l’eau symbole du yin et du féminin. L’eau est pourtant ce qui donne la vie et ce qui vient à bout des roches les plus dures.
Jean-Louis